Pourquoi les filles sont-elles meilleures que les garçons à l’école ?

Toutapprendre • 8 mars 2021

C’est un fait : les résultats scolaires des filles sont majoritairement bien meilleurs que ceux des garçons. Alors pourquoi ? Une question à laquelle de nombreux sociologues ont tenté de répondre. 

 

Année après année, les données statistiques montrent inlassablement la même chose : les filles réussissent mieux à l’école que les garçons. Elles sont également plus nombreuses à accéder au baccalauréat. En 2018, la proportion de bachelières s’élevait à 86 %, celle des bacheliers à 76 %. ( source : Département de l’évaluation, de la prospective et de la performance). Soit ! Mais pour quelles raisons ? 

Elles ont intégré les difficultés futures

Les études sociologiques menées sur cette question montrent plusieurs raisons. Arthur Imbert, doctorant en sociologie à Aix-Marseille Université explique : « On sait qu’à qualification égale, les femmes sont moins bien payées que les hommes et surtout accèdent moins facilement à des postes à responsabilité. Les filles ont conscience de ces difficultés futures. Elles ont intégré le fait qu’elles auront besoin de plus de qualifications et donc d’aller plus loin dans leur scolarité pour accéder aux mêmes positions que les garçons ».


Elles ne sont pas éduquées de la même façon

Autre raison : la socialisation genrée. Quezako ? Pour faire simple : les filles sont éduquées pour rester dans le cadre. On tolère davantage des garçons qu’ils en sortent. Une réflexion avancée par les deux sociologues spécialistes de l'éducation Christian Baudelot et Roger Establet. Dès 1992, ils ont expliqué que : "l'éducation des filles se fonde encore aujourd'hui sur la docilité, au sens étymologique de la capacité, de réceptivité, d'écoute. Et, à l'école, on vous demande d'abord d'intérioriser les règles." Les filles feraient, par ailleurs, davantage l'objet de la part de leurs parents d'une "sollicitude inquiète", tandis que les garçons, moins soumis à cette surveillance, se construiraient en dehors de l'école et sur des valeurs masculines très différentes. "La culture offerte aux garçons met l'accent sur l'héroïsme, la violence et la démonstration de force : toutes valeurs qui les dotent d'un arsenal antiscolaire", considèrent les deux chercheurs. 

 

Elles peuvent y être les égales des garçons

Quinze ans plus tard, en 2010, ils ajoutent une pierre à leur édifice, et à l­eurs recherches, en expliquant que non seulement, les filles sont formatées pour les études mais qu’elles « adhèrent positivement à leurs choix". L'école est le lieu où elles font très tôt l'expérience qu'elles peuvent être les égales, voire meilleures, que les garçons.

 

 

Une fille sur six n’est pas scolarisée

Mais pour exceller en classe, encore faudrait-il pouvoir y aller. Rappelons que dans le monde, 160 millions de filles ne sont pas scolarisées, soit une fillette sur six. Les femmes comptent pour les deux tiers des 750 millions d'adultes ne possédant pas les compétences d'alphabétisation de base. (Institut de statistique de l’UNESCO).

 

Des raisons multiples

De multiples facteurs, que rappelle le réseau d’ONG, Plan International, expliqueraient cette déscolarisation massive à commencer par le poids des traditions culturelles. Dans certaines sociétés, les filles sont considérées comme un fardeau pour la famille. Leur éducation n’a donc aucune importance car leur destin est d’être mariées jeunes, de s’occuper des tâches ménagères et des enfants. Et l’organisme de rappeler que chaque année 12 millions d’entre elles sont mariées avant l’âge de 18 ans. Leurs grossesses les éloignent inéluctablement des bancs de l’école. Une autre raison : la pauvreté. Certaines familles n’ont pas les moyens de subvenir aux frais de scolarité. Leur situation financière déjà difficile a pu s’aggraver du fait de la crise sanitaire. Des parents craignent également pour l’intégrité physiques de leurs filles, plus sujettes aux violences que les garçons sur le chemin de l’école… 


Un manque à gagner pour les pays

Autant d’obstacles qui une fois levés permettraient des avancées considérables pour la condition des femmes. « Si elles bénéficiaient d’une éducation secondaire, le taux de mortalité des enfants diminuerait de 49 %. Si elles avaient accès à l’enseignement secondaire en Afrique sub-saharienne ainsi qu’en Asie du Sud et de l’Ouest, le nombre des mariages d’enfants chuterait de 64 % » peut-on lire sur le site de l’Unicef. Sans parler des effets bénéfiques sur tout le pays.

D’après un rapport de la banque mondiale datant de juillet 2018, une année de scolarisation supplémentaire fait progresser le produit intérieur brut (PIB) annuel de 0,37 %.L’accès limité des filles à l’éducation et les obstacles à l’achèvement d’une scolarité de 12 ans coûtent aux pays entre 15 000 et 30 000 milliards de dollars de perte de productivité et de revenus tout au long de la vie. 


Et même si en octobre dernier, un rapport de l’UNESCO montrait que depuis 1995, 180 millions de filles de plus s’étaient inscrites dans l'enseignement primaire et secondaire, le combat est loin d’être gagné.

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